TEXTE 7, Les Fausses Confidences, Acte II scène 13  


Introduction

Créé en 1737, sous le titre "La Fausse Confidence" "Les Fausses Confidences" est une pièce qui construit son intrigue autour de stratagèmes pour révéler l'amour.

L'acte II est construit autour de l'aveu de Dorante. Il est entré sur au service d'un d'Araminte par amour. Elle sait grâce à deux scènes à propos des portraits qu'il l'aime. Dubois vient lui confirmer à la scène précédente. D'autres personnes la harcèle pour renvoyer Dorante. Elle est décidée à lui faire avouer son amour en lui tendant un piège. Nous étudions les dernières lignes de la scène 13. Araminte viens de rappeler à Dorante "Je suis la maîtresse" et c'est en effet bien elle qui dirige la scène en dictant une lettre dans laquelle elle fait part au comte de son intention de l'épouser. Araminte souhaite provoquer l'aveu de Dorante. Le partage est riche en apartés et permet de connaître les émotions des deux personnages.

 

Problématique:

En lui faisant rédiger cette lettre, Araminte parvient-elle à percer son cœur et piéger Dorante ?

Nous procéderons à une analyse linéaire en suivant les mouvements du texte: de la ligne 1 à 5: mise en place de l'écriture de la lettre, de la ligne 6 à 16: la dictée de la lettre, de la ligne 17 à 24: la réaction de deux personnages.

 

 

I. Mise en place de l'écriture de la lettre.

 

Un échange rapide entre les deux qui prend la forme d'une course-poursuite car Dorante cherche à échapper à l'obligation d'écrire la lettre.

  • Ligne 1. aparté de Dorante: le spectateur sait ce qui prouve Dorante, sans qu'Araminte le sache. La didascalie "cherche du papier" laisse croire à Araminte que Dorante est prêt à lui obéir. Le public, lui, comprend l'émotion vive Dorante puisque la réplique est constitué de phrases exclamatives et d'une interjection. C'est la marque du désarroi de Dorante puisqu'il semble croire que Dubois l'a trompé. cf passé composé: c'est un fait accompli.

 

  • Ligne 2. Araminte est comme un metteur en scène qui dirige les déplacements des personnages, qui pose les questions et montre une impatience à démarrer.

 

  • Ligne 3. La réplique de Dorante commence par une apostrophe respectueuse et obéissante et la négation exprime son impossibilité d'obéir.

 

  • Ligne 4. didascalie: mouvement vers Dorante : logique car il ne trouve pas de papier mais permet à Araminte de se rapprocher physiquement de Dorante. Il y a également une allitération en v qui permet de souligner le ton humiliant de la réplique. On note une juxtaposition des deux indépendantes, une négative exclamative et une affirmative, montrant une incohérence de comportement de Dorante prouvant son trouble.

 

  • Ligne 5. réplique très courte, affirmative: trouble. L'adjectif « vrai » relève peut-être du début d'un aveu. C'est un début de victoire pour Araminte qu'il ne contredit pas.

 

 

II. La dictée de la lettre.

 

A partir de ce mouvement, les répliques d'Araminte sont plus longues, elle dicte la lettre et s'intéresse aux réactions de Dorante pour mener à bien son piège. Dorante n'a pas le temps de souffler. 

  • Ligne 6. Araminte soumet une pression pour le pousser à bout, comme on le voit grâce à l'impératif (un seul mot) et immédiatement après la dictée, qui commence par "Hâtez-vous" + des mots clés dans la phrase soulignant la décision ferme d'Araminte "mariage" et "sûr".

 

  • Ligne 7. Deux lignes seulement de. Un adverbe interrogatif puis "madame" qui traduisent son trouble et son incompréhension.

 

  • Ligne 8. araminte se montre impatiente et exaspéré tout en poursuivant l'humiliation de Dorante. Présence d'une interrogative rhétorique et de la conjonction de coordination "donc" pour forcer Dorante à reconnaître son trouble. Elle reprend aussi te la dictée de. rythme insoutenable en répétant ce qui fait souffrir Dorante. « madame veut » insiste sur la domination d'Araminte. La suite de la réplique et un appart et qui rappelle les objectifs du piège et commente les réactions de Dorante en créant une complicité avec le spectateur et une insistance. La phrase interrogative montre qu'Araminte se questionne sur l'efficacité de son piège.

 

  • Ligne 12. Dans cette réplique, Dorante semble reprendre ses esprits et ose s'opposer à Araminte en s'appuyant sur les scènes précédentes de la pièce, à l'aide d'une négation et commence à sa réplique par « je », il est sujet.

 

  • Ligne 13. Araminte impose son autorité avec un adverbe + un impératif, montrant qu'elle n'a pas d'arguments : faiblesse. 

 

  • Ligne 15. La réplique de Dorante est en deux parties: l'aparté trahit son trouble pathétique tout en conservant pour le spectateur un langage comique. Mais depuis la réplique précédente (R9) il a amorcé la volonté de s'opposer à Araminte. La conjonction de coordination "mais" introduit cette volonté tout en restant respectueux avec l'apostrophe "Madame" et le langage précieux avec le terme "inclination". Cette fois, il outrepasse son statut d'intendant en évoquant les sentiments d'Araminte (thème qu'elle n'a pas abordé dans sa lettre). Il joue sa dernière carte, celle de la raison et de l'argumentation pour sauver son propre projet de mariage. Il reste à voir dans le dernier mouvement l'issue du piège.

 

 

III. Le trouble des personnages

 

  • Réplique 12. En entendant le mot inclination, Araminte commence à perdre son sang-froid et ne peut que réagir avec l'ordre bref et péremptoire d'un verbe à l'impératif "Achevez, vous dis-je..." Les points de suspension marquent peut-être son émotion. En effet, la fin de sa réplique est entièrement consacrée aux réactions de Dorante. Elle décrit ses réactions comme si elles n'étaient pas visibles pour le spectateur et comme si elle-même les découvrait et avait besoin de les dire à voix haute pour faire éclater la vérité; d'ailleurs elle implique Dorante "Vous paraissez changé", et "Vous trouvez-vous mal ?". Alors qu'elle cherche à enfermer Dorante dans son piège et le pousser à l'aveu, cette insistance sur la 2ème personne montre son intérêt pour Dorante et non pour la lettre au Comte qu'elle n'envisage d'ailleurs pas d'envoyer.

 

  • Ligne 19. La réponse de Dorante sous forme de litotes, aveu de son extrême malaise, résonne comme un aveu de son amour.

 

  • Réplique 14. Cette dernière réplique résume toute la stratégie d'Araminte. Elle feint de s'étonner du mal-être de Dorante (exclamations) alors qu'elle a tout fait pour le provoquer. Elle continue de le presser avec des impératifs et achève de l'humilier en le forçant à aller jusqu'au bout de l'exercice, c'est-à-dire écrire l'adresse du Comte sur l'enveloppe et en formulant des remarques désobligeantes sur son écriture illisible qui témoigne de son état émotionnel extrême. La présence des déictiques "Voilà", et "cette adresse-là" prouve qu'Araminte est physiquement proche de Dorante. Peut-être pour le pousser à l'aveu explicite, mais cela ne fonctionne pas comme le soulignent les apartés d'Araminte: "Le cœur me bat !" C'est elle qui est troublée et peut-être souffre de voir Dorante souffrir. Il n'y a pas encore là de quoi le convaincre, Dorante n'a pas avoué. C'est un échec.

 

  • Réplique 15. Dorante ferme la scène, marque de l'échec du piège. En effet, Dorante s'interroge, certes tardivement, mais il n'est pas passé à l'aveu et après s'être remis de son trouble, il raisonne à nouveau. Or, le fait qu'Araminte envisage de faire porter cette lettre par Dubois et non par Arlequin, préposé à ce genre de tâches, laisse entendre qu'il s'agissait peut-être d'un piège. Dorante sait qu'il doit s'informer auprès de Dubois, ce n'est pas vers Araminte qu'il se tourne.

 

Conclusion

Le piège tendu n'a pas réussi, même si Dorante s'est montré troublé, puisqu'il n'a pas avoué. Le piège se referme donc sur Araminte, qui a dit qu'elle épouserait Dorante. Le spectateur a été mal à l'aise, puisqu'il a vu souffrir le comte. Ce piège est une fausse confidence qui permet de dévoiler les sentiments de Dorante à Araminte. 

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