Texte 1 : le portrait "il parut alors...d'aimer et d'en être aimée"


Introduction:

  •  Annonce/contexte
  •  Les références du texte (Mme de Lafayette : auteure, 1678 : date, nom de l’œuvre et genre).
  •  Situation du texte (où est-ce que j'en suis dans l’œuvre)

         - Incipit du roman. Cela situe l'action: "à la fin du règne d'Henri II" et propose une galerie de portraits de gens de la cour tous plus remarquables les uns que les autres, par la beauté, l'esprit, le mérite, etc...

  • Présentation et caractéristiques du texte : portrait

       - Dans le cadre, le lecteur découvre le portrait, admiratif, de Mademoiselle de Chartres, future Princesse de Clèves, même si aucun indice ne le laisse encore penser.

 

Problématique :

Comment Madame de Lafayette rend-elle ce portrait différent et indique au lecteur l'importance de ce personnage ? Pour répondre à cette question, nous suivrons les mouvements du texte : d'abord le portrait physique jusqu'à la ligne 3, puis la généalogie de Mademoiselle de Chartres jusque la ligne 6-7 et enfin, l'éducation qu'elle a reçu par sa mère. 

 

Première partie : Le portrait physique de Mademoiselle de Chartres

  • Dans la première phrase :

       - Insistance sur la beauté de cette personne

       - Répétition du mot "beauté"

       - Figure de polyptote : beauté/belle

C'est une sorte d'allégorie de la beauté qui nous est présentée.

      - Le lecteur partage l'admiration des personnages qui sont témoins de la scène.

      - Champ lexical de la vue : paraitre, attira les yeux

      - Importance de la beauté qui prime à la cour

      - Exceptionnelle beauté

      - Le lecteur participe au suspens puisque que l’apparition de Mademoiselle de Chartres est inattendue: elle est au passé simple et il y a la présence de l'adverbe "alors".

      - Opposition entre le singulier et le pluriel

      - Le pluriel renforce l'effet de la beauté exceptionnelle

C'est donc un personnage idéalisée bien que la description soit très vague. Le passage fait l'éloge de sa beauté tout en renforçant l'attente du lecteur. Le deuxième mouvement va satisfaire la curiosité du lecteur.

 

Seconde partie : La généalogie du personnage

  • Dans la deuxième phrase :

     - Appartenance à une grande famille

     - Statut social élevé

     - Famille de Chartes connue par le lecteur

     - Forme superlative : "une des plus grandes héritières de France" et comparatif de supériorité : amplification de son patrimoine

     - Le pronom personnel "elle" ne révèle pas son individualité

  • Dans la troisième phrase :

     - Révélation de son nom par l'intermédiaire de sa mère

     - Elle est caractérisée par sa lignée mais n'a pas d'existence réelle dans le monde de la cour car il ne tient pas compte de l’individu

     - Elle est représentée par le pronom "l'" et est COD dans la phrase et donc subit l'action

     -La phrase met donc en valeur la mère dont les qualités sont amplifiées par une énumération de trois termes (énumération ternaire)

     -C'est une description élogieuse mais qui reste générale et stéréotypée, avec tout de même un terme nouveau : "vertu".

Les deux premiers mouvements renforcent l'attente du lecteur qui est impatient d'en savoir plus sur l'héroine, si extraordinaire. Or, le troisième mouvement prend encore un détour : celui de l'éducation.

 

Troisième partie : L'éducation.

  1. Une éducation particulière
  • La mère s'est résignée pour donner son temps à l'éducation de sa fille.

     - Isolement sur une grande durée

     - Éloignement de la cour

     -Atypique

     - Deuil (mort du père) : verbe "perdre"

     - Montre la fragilité de Mademoiselle de Chartres car elle a grandit loin des figures masculines

     - Carence dans son éducation

  •  La phrase "Pendant cette absence, elle avait donné des soins aux éducations de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea à lui donner de la vertu et a lui rendre aimable" insiste sur les actions de la mère et est le sujet des verbes. 

     -L'éducation se veut complète car cela cultive l'esprit et la beauté, ce qui est l'idéal antique : "mens sana in corpore sano" : un homme sain dans un corps sain

     -L'équilibre se retrouve aussi dans la syntaxe : pas seulement/aussi

  • La doxa (pensée commune), est présentée par des termes généraux et au pluriel et est présentée comme une erreur.

     - "S'imaginait" ou "il suffit de"

     - Une éducation commune sauf Madame de Chartres qui est visionnaire.

 

   2. L'éducation de sa fille à la vertu

  • Phrase : "La plupart... être aimée" est très longue et est sur le mode énumératif: les verbes d'actions sont à l'imparfait à valeur de répétition / itérative.

     -Cette éducation passe par la description concrète et précise de l'amour.

     - Le lecteur est assez curieux de ce que pouvait être ces représentations de l'amour.

     -Le verbe "persuader" illustre le fait que Madame de Chartres joue sur les sentiments de sa fille.

     - L'éducation de Madame de Chartres développe cependant beaucoup plus en détails les dangers de l'amour puisque plusieurs lignes décrivent le côté négatif de l'amour alors qu'un seul adjectif décrit son caractère agréable.

     - C'est un portrait très dépréciatif des hommes.

     - La redondance de certains termes amplifie le portrait négatif des hommes.

     - Pour être heureux, il ne faut pas être amoureux.

     - Madame de Chartres oppose ce tableau catastrophique une présentation positive qui repose uniquement sur la vertu.

     - C'est une vision manichéenne.

 

   3. Une éducation dissociant bonheur et vertu

  • Les dernières lignes du texte commençant par la conjonction de coordination adversative "mais".

     - Aimer la vertu ne suffit pas.

     - Répétition du mot "vertu".

     -Deux adjectifs soulignant la difficulté à rester vertueuse "extrême", "grands".

     -Madame de Chartres donne une vision pessimiste de l'être humain.

     - La fin de la phrase défend l'idée que pour la femme, dans un domaine amoureux , le seul domaine qu'elle peut connaitre est une soumission à son mari.

     - C'est une éducation moraliste et rigoriste révélant les liens que l'auteure a avec les janvénistes.

Cet extrait crée une forme de suspens pour le lecteur puisque cette jeune fille éduquée à la vertu, loin des hommes et de la cour, exceptionnellement belle et est de bonne naissance va se retrouver brutalement projetée à la cour.

Ce portrait prépare donc le lecteur à la lutte que va mener Madame de Clèves pour connaitre le bonheur, sachant qu'elle va aimer un autre homme que son mari et que sa mère, décédant tôt dans le roman, ne pourra pas l'épauler.